Je me suis auto-opérée deux fois en quelque 40 ans de vie. La première fois, c’était en me plantant une seringue de 10 ml piquée au labo (merci nombreux cours à la faculté de médecine) remplie d’une solution sursaturée de sel afin d’occire un Staphylococcus aureus persistant sous l’aisselle droite. Je sais, S. aureus est halophile, mais je venais à peine de me débarrasser d’un copain à lui qui s’était permis de faire un party de la grosseur d’une balle de golf (merci intervention chirurgicale en clinique) et il n’était pas question que je me retape des séances de mèches à insérer dans une plaie pour drainer du pus. Oh que non! J’ai donc prié pour un phénomène d’osmose qui ferait éclater aureus. Le dieu des Gram+ fut clément. Produit utilisé : sel de Guérande. (On vient d’Outremont ou on n’en vient pas, tsé. Chez nous, c’était le seul sel dispo, bon.) Efficacité : redoutable. Douleur : j’ai mordu dans un chiffon. Fait cocasse : je n’ai plus de poils d’aisselle à cet endroit depuis. Lire la suite
Étiquette : transport (Page 1 sur 2)
Assise dans le 24 (pour une fois que ce n’est pas le 55), mon regard vagabonde sur le sol. Multitude de pieds, quelques sacs, beaucoup de gravier. (Quand la Ville va-t-elle nettoyer les rues?) Arrêt sur une paire de talons aiguilles en cuir beige vertigineux faits de lanières savamment entremêlées. Ça crie le mauvais goût. Les orteils peints d’un rouge criard ressemblent à des boudins bien ficelés. Ça crie l’inconfort. J’essaie de m’imaginer la (le?) propriétaire des appendices en question. Je remonte le long des billots blanchâtres qui lui font office de jambes. Une jupe satinée et évasée. La culotte de cheval y côtoie le motif léopard. (Qui mangera qui?) Le regard poursuit sa montée. Un pull en coton grossier noir parsemé de logos Chanel blancs made in China. Des bourrelets qui font concurrence à mon dernier rosbif. Des seins dignes de Botero. Et finalement le visage : lacéré par l’acné, maquillé à outrance, lèvres pulpeuses trop rouges, yeux bleus trop perçants, cheveux blond brûlé par les trop nombreuses colorations. Un visage fatigué. Un visage slave. Manifestement, Natasha accepte mal de vieillir. Où va-t-elle en ce vendredi soir? Qui va-t-elle rejoindre? Une suite de noms se met soudainement à défiler dans ma tête : Michel Strogoff (Jules Verne), Catherine la Grande (Voltaire), Raspoutine (Boney M), Franfreluche (Kim Yaroshevskaya), Poutine (Poutine)… Improvisation ayant pour thème Associations libres; nombre de joueurs : un; durée : un trajet d’autobus de la STM à l’heure de pointe.
J’arrive à destination.
« Qu’est-ce qu’on vous sert? »
… Alexis Nikolaïevitch (hémophilie); From Russia with Love (James Bond)…
« Dry martini. Shaken, not stirred. »
Le transport des communs est vraiment une source inépuisable d’inspiration. Za vaché zdorovié!
Incapable de prendre le 55, car trop bondé, bibi décide de marcher jusqu’à la maison.
– Au départ, station Saint-Laurent, voit un bon samaritain aider un Inuit saoul qui vient de bêcher et de se blesser. Faith in humanity restored.
– Coin Saint-Laurent et Ontario, est témoin d’une arrestation musclée d’un dude louche dans une voiture louche qui sent tout aussi louche. Les policiers ne ressemblaient pas trop à Claude Legault et Réal Bossé : bibi déçue.
– Devant feu le théâtre Juste pour rire, remarque une dame intoxiquée qui descend la Main en plein milieu de la rue en chantant « All by myself ». Finalement, elle chante bien Céline, hein?
– Coin Sherbrooke et Saint-Laurent, voit un dude qui joue du air guitar de façon très motivée. Ça ressemblait à du Ozzy, mais faudrait confirmer…
– Devant le Globe, aspire malgré elle une bonne bouffée de parfum cheap, gracieuseté de l’escorte qui accompagnait le gros plein de soupe qui rentrait dans le resto. *Tousse*
– Arrive chez Segal, se fait engueuler par Murphy parce qu’elle a oublié de prendre un panier. *Soupire*
– Rentre à la maison, met le pied dans un vomi de chat.
Bref, a day in the life of a Montrealer.
(Reprise d’une chronique écrite et publiée sur Fb plus tôt cette année.)
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