Ou ma réinterprétation du « Me, Myself and I »

RIP monsieur Maringouin

Je me suis auto-opérée deux fois en quelque 40 ans de vie. La première fois, c’était en me plantant une seringue de 10 ml piquée au labo (merci nombreux cours à la faculté de médecine) remplie d’une solution sursaturée de sel afin d’occire un Staphylococcus aureus persistant sous l’aisselle droite. Je sais, S. aureus est halophile, mais je venais à peine de me débarrasser d’un copain à lui qui s’était permis de faire un party de la grosseur d’une balle de golf (merci intervention chirurgicale en clinique) et il n’était pas question que je me retape des séances de mèches à insérer dans une plaie pour drainer du pus. Oh que non! J’ai donc prié pour un phénomène d’osmose qui ferait éclater aureus. Le dieu des Gram+ fut clément. Produit utilisé : sel de Guérande. (On vient d’Outremont ou on n’en vient pas, tsé. Chez nous, c’était le seul sel dispo, bon.) Efficacité : redoutable. Douleur : j’ai mordu dans un chiffon. Fait cocasse : je n’ai plus de poils d’aisselle à cet endroit depuis.

La deuxième fois, c’était en me retirant la myriade de petits graviers mouillés que je venais de me greffer vigoureusement bien malgré moi sur les jambes, les genoux et les mains en piquant une sale fouille – en tite jupe de cuir et bas nylon assortis – sur les beaux trottoirs montréalais du printemps. C’est ce que ça donne une jupe trop étroite, des talons trop tôt dans l’année, trois marches à descendre et une fille en retard pour le boulot. Produits utilisés : une bouteille de Jack Daniels pour désinfecter les plaies, une pince à sourcils, un briquet pour stériliser la pince et un tube de Crazy Glue pour « recoudre ». Non je n’avais rien dans la pharmacie pour m’aider. En fait, je n’avais pas vraiment de pharmacie, point. J’avais 28 ans et la maturité d’une ado rebelle de 15 ans, mais un diplôme de microbio en poche et une certaine expérience passée (voir le premier paragraphe). Bref, intervention simple ce fut : chauffer la pince, retirer chaque petit caillou, désinfecter avec le Jack, éponger, rapprocher les lèvres de la plaie, coller, répéter. Efficacité : redoutable. Cicatrice : une seule très petite sur le genou droit. Douleur : aucune (ok, j’ai bu un peu de Jack Daniels). Fait cocasse : on m’a congédiée ce jour-là. Avoir su…

** On s’entend que tout ça c’est de la petite bière comparé à l’histoire du DLeonid Rogoziv qui s’est extrait son propre appendice en plein Antarctique. (À lire aussi en français ici et sur BBC ici.) **

Mon récent épisode « Bouchon d’oreille » serait-il le « Jamais deux sans trois » de ce qui précède? Les interventions que j’effectue depuis deux jours sont certainement moins effractives, mais le résultat a de quoi surprendre (ou pas).

Je suis revenue abruptement de mes vacances aux States avec Chum vendredi matin pour cause de perte de l’ouïe dans l’oreille gauche. Le coupable? Un énorme bouchon constitué de cire – des restants de boules Quiès – et de cérumen qui s’est manifesté en criant lapin (ou ciseau, instrument qui m’a d’ailleurs fait fantasmer ces derniers jours). Résultat : sourde comme un pot, pression énorme sur le tympan, étourdissements, nausée, envie de s’arracher le côté gauche de la face, acouphènes, alouette. Dans la nuit de jeudi à vendredi, après l’application d’une solution spécifique à base de glycérine et de peroxyde achetée chez Rite-Aid, tout ce qui précède s’est décuplé. So much for that. Allez hop, on retourne à Montréal, bibi a besoin de voir un spécialiste et ça presse!

Deux heures de 89 avec un fond de musique classique entendu d’une seule oreille + un passage aux douanes sans accrocs + beaucoup de silence parce que c’est pas la joie plus tard, nous arrivons au CLSC du Plateau. On me pulvérise dix seringues d’eau dans le conduit auditif et on me gratte le bouchon qui apparemment fait tout le conduit (ah! Ceci explique cela). 1) Ayoye. 2) Rien à faire. Tout est bouché et aussi sec et dur que du pain rassis. Je dois assouplir la bête avec de l’huile et revenir dans quelques jours.

J’entame le processus dès le retour à la maison.

Produits utilisés : huile d’olive portugaise Saloio (on habite le quartier portugais ou on ne l’habite pas, tsé. Chez nous, le Portugal l’emporte sur l’Italie) et une petite poire pour laver le conduit. Efficacité : redoutable, après 48 heures. Douleur : à part la sensation de se faire épiler les poils du conduit auditif lorsqu’on pulvérise l’eau et que la cire décolle, aucune. Fait cocasse : le cadavre de ce qui semble être un maringouin m’est finalement sorti de l’oreille.

« Le cérumen peut avoir tendance à s’accumuler davantage dans certaines situations (…) par exemple en présence d’un corps étranger dans l’oreille. » (site Web des pharmacies Brunet)

Conclusions?

Avant de passer à la pharmacie, regarde ce que t’as dans le garde-manger (et le bar) (et la quincaillerie).

Les p’tites bibittes ne mangent pas les grosses (c’est manifestement l’inverse).

T’as des bibittes dans la tête? L’huile d’olive portugaise te règle ça en 48 heures.

RIP monsieur Maringouin.

1 Commentaire

  1. jean

    Chum était bel et bien présent pour la partie auriculaire du récit et peut certifier que tout y est vrai…c’est comme si je me retapais la 89 à nouveau………XXX

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