Si tu me connais un peu, tu sais que je suis en arrêt de travail. Si tu ne me connais pas, tu l’apprends. Dans un cas comme dans l’autre, tu auras peut-être compris que la cause n’est pas une blessure physique.

J’en entends déjà certains me dire que je devrais être plus discrète à ce sujet. Primo, je n’en ai pas honte. Deuxio, je n’ai jamais donné dans l’opacité. Et tertio, y en a marre des tabous. 

Primo, oui, on hésite avant d’accepter le diagnostic. On a peur d’être mal perçue et d’être victime des habituels préjugés : faible, profiteuse, incompétente, alléluia. Parce que le congé de maladie, ce n’est pas une période de vacances, je te le confirme. Mes vacances n’ont jamais été synonymes de fatigue constante, de manque de concentration déroutant, de boule de pizza à la place du plexus solaire, de difficulté à respirer au moindre stress, de larmes à la moindre émotion et tutti quanti. Si tu veux, je te refile également l’anxiété qui me gruge quand je pense à l’avenir, au retour au travail et à ma santé financière.

Deuxio, oui, je suis une adepte de la transparence émotive; ou verbale; ou appelle ça comme tu veux. Ça en dérange certains. D’autres aiment bien. Ça m’a très bien servie dans beaucoup de cas. Ça m’a nui dans de nombreux autres. À cela je réponds toujours que je ne suis ni trop, ni pas assez de quelque chose, je ne suis que moi. C’est à prendre ou à laisser. Je m’arrange(rai) avec les conséquences de ma transparence.

Tertio, oui, c’est encore tabou d’avouer une détresse psychologique. Et pourtant. Regarde-toi bien dans le miroir : dis-moi que tu n’en as jamais souffert. Allez. J’attends. Ben quoi? N’es-tu pas fort et à l’abri de tout cela « toi »? N’arrives-tu pas à tout gérer, en tout temps et en tous lieux, comme un grand champion international? On arrête d’y voir un tabou le jour où on accepte que « les autres », ça peut aussi être « nous ». La détresse psychologique c’est comme la pauvreté. Personne n’en est à l’abri. On est à un chèque de paye de la pauvreté comme on est à un pétage de coche de l’épuisement professionnel (et personnel). Range ton jugement et carry on.

Mes meilleures amies pour les jours (et semaines) à venir sont donc ma doc et ma psy. Mes premiers devoirs? Dormir suffisamment, manger trois repas par jour et faire des activités qui m’apportent du plaisir. Je maîtrise assez bien le dernier volet. (Tu me connais. Tu sais que j’en profiterai pour faire beaucoup de photo et suivre mes cours en ligne.) Le premier, piece of cake itou puisque je semble soudainement m’être transformée en chat et vouloir dormir 20 heures sur 24. (Frisou semble d’ailleurs plutôt contente d’avoir son humain à ses côtés en tout temps.) Pour le deuxième : j’accepte les dons de nourriture. Ou même les idées de menus en trois étapes faciles. (Je blague à peine.) Ç’a l’air que la demi-baguette et le shitload de fromage ne constituent pas un repas complet. Non plus le sac de chips et le bol de fromage cottage. Pffft.

Je vous ferai part de mes constats, épiphanies et autres trouvailles au fil des semaines. Congé forcé = moins de sous. Moins de sous = faire preuve de créativité dans ses activités et ses dépenses. Riez riez, mais j’y vois une belle occasion de me faire travailler les méninges autrement et de façon constructive. Comme dirait l’autre, Challenge accepted!

* * *

Entendu récemment

« Tu n’as pas de méthode de photographie. » Ouais, ben la dernière méthode que j’ai employée – dans ma vie, du moins – c’est la formule « métro, (trop de) boulot, (pas assez de) dodo ». On voit où ça m’a menée. Faque j’ai décidé d’oublier les méthodes et d’y aller free-style. Comme je l’ai toujours fait auparavant. Ça m’a pas pire servie. Si t’aimes pas, tu passes ton chemin. Facile de même.

Petits bonheurs des derniers jours

Manger une salade de pommes de terre bien crémeuse qui m’a rappelé mes vacances (des vraies) à l’Île-du-Prince-Édouard. T’es jamais allé manger de la salade de pétakes à PEI? Faut y aller au moins une fois dans sa vie. Meilleures pétakes au monde. Superbes paysages à faire en vélo. Je te refile ma recette si tu veux. *Fin de la capsule pro-Canada*

Manger une omelette bien baveuse aux fines herbes. J’arrive encore à maîtriser l’omelette et à cuisiner le coco. C’est toujours ça de pris. Ça m’a rappelé mes voyages (pas toujours des vacances) en France. Prochaine étape : essayer de me faire de nouveau une omelette de la mère Poulard. Wish me luck. *Fin de la capsule franco-française*